Lettre à la première ministre du Québec

 

Madame Louise Bacon, première ministre du Québec 

Je m’adresse à vous parce que votre ministre de l’Environnement, M. Jean Bonneau, n’a jamais daigné donner suite à mes nombreuses demandes d’intervention. 

Je suis voisin d’un éleveur de porcs dont je tairai le nom. Sachez seulement que celui que je surnomme Mon Salami garde un harem de 248  truies lui permettant de produire quelque 2000 cochonneries par année.

 Savez-vous combien de lisier produisent ces usines à jambon? Pour ma part, j’estime celle de ma soue voisine à quelque 3000 tonnes par année. Imaginez une tour couvrant un are, haute de 30 mètres. Maintenant, imaginez 8400 tours similaires, soit le nombre de porcheries au Québec : vous aurez une bonne idée de l’ampleur du problème. 

Suite aux récents épandages dans les champs derrière ma demeure, j’ai pensé vous faire une suggestion que vous pourrez partager avec les membres de votre gouvernement. Vous verrez que le lisier de porc se discute avec aisance au Cabinet. 

Puisque la porciculture est devenue l’une des principales industries agroalimentaires du Québec, et son lisier un polluant majeur de notre environnement, je suggère au gouvernement de modifier notre drapeau national pour mieux refléter cette réalité. Que diriez-vous de remplacer les fleurs de lys par quatre épis de maïs, une culture indissociable de l’élevage du cochon? Et la croix blanche, un symbole religieux maintenant proscrit, par le croisement laïque de deux diagonales brunes représentant l’épandage? Au centre du drapeau se trouverait une belle grosse tête porcine, symbole de notre entêtement national. Le tout reposerait sur un champ, non pas d’azur comme présentement, mais plutôt bleu bronze. Cette couleur toute héraldique rehausserait le jaune du maïs et le rose du cochon. 

Chaque début d’août, les Québécois pourraient arborer fièrement ce drapeau au Festival du Cochon de Sainte-Perpétue, une martyre qui, je le rappelle, fut dévorée vive par des sangliers. Je m’égare peut-être, mais je crois que cette sainte vaut son pesant de lard. Elle mériterait même de devenir la nouvelle patronne de notre nation en remplacement du blondinet avec son agneau. 

Tant qu’à y être, je vous suggère aussi de modifier légèrement la devise du Québec en remplaçant les mots me et souviens par pue et l’cochon. Comme un homme averti en vaut deux, cela permettrait de doubler le nombre de touristes, donc d’augmenter sensiblement notre PIB.

Comme vous le voyez, on ne manque pas d’idées lorsqu’on reste enfermé tout l’été dans sa maison, portes et fenêtres fermées. 

Espérant que vous apprécierez l’ironie de mes suggestions, je vous prie d’agréer l’expression de mon ras-le-bol devant l’inaction du gouvernement dans ce dossier. 

Réal Giguère 

P.S. Je suis malgré moi célibataire en raison de l’odeur du lisier qui imprègne en permanence ma peau et mes vêtements. Cet état me désespère. Le moins que vous puissiez faire est de me référer à une jeune célibataire anosmique de votre connaissance. Elle verra que je suis de compagnie agréable, que je sais faire preuve de patience et, surtout, que j’ai un merveilleux sens de l’humour.


Source : mesopinions.com




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