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Affichage des messages du décembre 3, 2023

Gourmandise littéraire

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             La légende raconte que j’ai commencé à lire dès que j’ai été en âge de parler. C’est complètement faux : je ne parlais pas encore quand j’ai lu mes premières bandes dessinées ( Martin le malin , un coureur automobile, et Tintin , un reporter sans frontières).           Puis, quand j’ai eu l’âge de raison, je me suis mis à dévorer les Bob Morane d’Henri Verne et les voyages autour du monde de Jules Verne. Les gros tomes de cape et d’épée d’Alexandre Dumas ont suivi peu après.           Rapidement, je fus reconnu comme un bibliovore. Aussi quand j’ai eu dix-huit ans, ma marraine a littéralement vidé son bas de laine pour m’offrir la collection complète des prix Nobel de littérature (1901-1968). La reliure de ces livres était extraordinaire : format A4, papier épais doré sur tranche et, luxe suprême, couverture en cuir blanc. Malheureusement, je suis déménagé très souvent par la suite. Les livres restaient dans des boîtes qui encombraient mon espace de rangement. Je me

Les Chipotlés des îles Charlotte

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             Les Chipotlés des îles Charlotte au Manitoba ont de curieuses coutumes. La plus étonnante est sans doute leur pratique de la polyandrie. Cela permet au Canada de faire partie du club très sélect des huit pays où les femmes peuvent épouser plusieurs hommes [1] . Selon l’ethnologue émérite Harvey Weinstein, la polyandrie expliquerait le déclin actuel des Chipotlés et, de façon plus générale, la répugnance du Canada à s’armer.           Un homme marié se reconnait facilement au bracelet en cuir qu’il porte au poignet gauche. Le dessin sur le bracelet identifie son épouse. Le même dessin est d’ailleurs reproduit sur la porte de la maison familiale. Ainsi, il est facile pour un étranger d’identifier les différents harems du village.           Chez les Chipotlés, c’est la femme qui choisit son mari et non l’inverse. Quand une femme veut se marier, elle confectionne un bracelet qu’elle va ensuite offrir à l’heureux élu qui s’empresse de l’attacher à son poignet. Il arbore e

Le monde de Charlotte. Chap. 1 : Je m'appelle Charlotte

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  Je m'appelle Charlotte, pis j’aime les carottes! Je les ai toujours aimées. Quand j’étais toute petite, maman n’avait même pas besoin de faire l’avion avec la cuillérée de purée pour que j’ouvre tout grand la porte du hangar. À bien y penser, c’est peut-être pour ça que j’ai plein de taches de rousseur.   Vous me demandez mon âge, monsieur? Ne savez-vous pas qu’il est impoli de poser cette question à une dame et ce, peu importe sa qualité? Qu’il vous suffise de savoir que j’ai l’âge de vous accueillir dans mon lit. Je vous dirai même que j’ai l’âge des folies et que d’en faire, jamais je ne me prive. J’aime rire, m’amuser. En toute confidence, je vous dirai que j’aime tous les plaisirs, même les défendus. Surtout les défendus! Certes, je suis une femme de petite vertu. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle vous êtes venu ici. Cependant, sachez que je suis aussi une femme de passions capiteuses. Tout comme les Mini-Wheats de Kellogg, j’ai un côté givré et un côté sérieux.

Le monde de Charlotte. Chap. 2 : Les Môssieurs

            Finalement, X a été très satisfait de mes services. Si bien qu’il m’a laissé un généreux pourboire et, surtout, promis de revenir me voir dès que possible. Je n’ai pas osé lui dire que c’était là la moindre des choses vu tout le cœur que j’avais mis à l’ouvrage.           Malheureusement tous mes clients ne sont pas aussi gentlemen que X. Certains refusent de payer un supplément pour le costume ou les finitions, tandis que d’autres s’imaginent qu’en plus des jambes, j’ai les oreilles grand ouvertes pour le récit de leur vie. Ceux-là confondent définitivement logorrhée et gonorrhée. Mais les pires, je vous le dis tout de go, les pires ce sont ceux qui méprisent ma condition tout en ne pouvant se passer de mes services. Ceux-là me regardent de haut et, très souvent, me demandent de leur donner du Môssieur, quand ce n’est pas du Maître ou du Professeur. Je vous le dis, un fois dans mon lit, certains se prennent pour le frère de Louis XIV. Pourtant à ce que je me souvienne

Le monde de Charlotte. Chap. 3 : Desmond

Hier, un homme est venu sonner à ma porte. Son âge? À peu près cinquante ans. Son physique ? Comme j’aime à dire, une belle pièce d’homme : grand, musclé, la barbe fournie et les yeux anthracite. Malheureusement, sa beauté s’arrêtait là. L’homme était mal habillé et ses vêtements, très sales, empestaient le bois brûlé, la sueur séchée et, disons-le franchement, l’urine. J’ai aussitôt ressenti une bizarre de sensation : une attirance instinctive et, en même temps, une crainte de bouger. Cet homme me rappelait quelqu’un, mais qui ? Je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Bonjour, c’est moi m’a-t-il lancé tout de go. Qui ça « moi », me suis-je demandé intérieurement ? Desmond, ton père, a-t-il repris en se rappelant soudainement que ça faisait plus de vingt-cinq ans que je ne l’avais vu. Puis, il a attendu patiemment que je l’invite à entrer pour rattraper le temps perdu. J’ai accusé le coup. Durement. Je me suis demandé ce que ma mère aurait fait à ma place. L’aurait-elle fai

Le monde de Charlotte. Chap. 4 : Je me fous du monde entier

            Je crois vous avoir déjà dit que j’avais quelques clients très fidèles. L’un d’eux est plein de petites attentions pour moi. Je vous dirais bien son nom, mais je me dois de rester discrète au nom du secret professionnel. Sachez seulement que son prénom rime avec sympathique et romantique.           Mardi dernier, c’était la Saint-Valentin. Après avoir diné avec sa femme et ses enfants, il est venu me porter une boîte de chocolats. Pas de ces ersatz synthétiques emballés dans une boîte cordiforme en plastique rouge estampillée made in China . Non madame ! Il m’a apporté deux douzaines de pralines belges au chocolat noir de Madagascar savamment disposées dans les esses d’un violon en chocolat marbré, le tout préparé par monsieur Vanden Eynden, le grand chocolatier de Magog. J’en suis restée pantoise.           Pour le remercier, je lui ai offert un verre du Gewurztraminer bien frais qu’un jeune client, encore peu sûr de ses moyens, m’avait rapporté d’Alsace l’été derni

Le monde de Charlotte. Chap. 5 : Mon oncle Édouard

             Je ne crois pas vous avoir déjà parlé de mon oncle Édouard, le frère de ma mère. Autrement, vous vous en rappelleriez sûrement. C’était le genre d’homme qui ne s’oublie pas facilement. Vieux garçon, comme on disait à l’époque, il a vécu avec ses parents jusqu’à leur mort, puis seul jusqu’à son décès à 82 ans.           Le dimanche, nous avions l’habitude de rendre visite aux parents de ma mère. Si par malheur mon oncle était présent, je passais un mauvais quart d’heure. Instituteur dans une école primaire, il se comportait alors avec moi comme si j’étais une de ses élèves. Il m’interrogeait sur mon bulletin, mon attitude en classe, etc. Il en profitait aussi pour me reprocher mes cheveux indisciplinés – pour l’amour du Bon Dieu, coupe-les ou fais-toi des tresses, disait-il -, ou ma tenue pas assez chrétienne à son goût. Heureusement, Édouard enseignait dans une autre paroisse. J’aurais détesté être dans sa classe tant il était désagréable.           J’ai eu droit à u

Le monde de Charlotte. Chap. 6 : J'adore magasiner

             J’adore magasiner au centre commercial. Voir tout ce que notre société de consommation a de nouveau à me proposer : des bijoux, des produits informatiques, des meubles, des accessoires de maison, des vêtements, etc. Le tout à vingt degrés Celsius et à l’abri des intempéries.           Je me sens importante quand, à mon arrivée dans une boutique, une vendeuse ou un associé vient me saluer et offrir son aide. Vous savez, du genre « Bonjour, est-ce que je peux vous aider? » ou « Cherchez-vous quelque chose en particulier? » ou, mon préféré « Aujourd’hui, tous nos produits saisonniers sont à 50% de rabais. ». Je suis très sensible à la façon dont on m’accueille et me traite. Sans doute une contrepartie de mon métier de marie-couche-toi-là.           Les boutiques de vêtements pour dames sont mes préférées. À la vue des nouveaux modèles, je me mets à rêver de devenir une autre femme, si possible plus séduisante. Aussi, quand on me dit « Les cabines d’essayage sont au fond

Le monde de Charlotte. Chap. 7 : Ma copine Cécile

             Ma copine Cécile a profité du récent congé scolaire pour venir me rendre visite. Il vous faut savoir qu’elle demeure à Coaticook depuis qu’elle s’est mise en couple avec Charles Chartier, un éleveur de charolaises du coin, lequel lui a conçu coup sur coup cinq petits chenapans. Donc, beaucoup de chemin - et de carburant - pour se rendre ici, sur la rue Champlain à Chicoutimi.           À chaque fois que nous nous voyons, nous retombons en enfance à Côte-des-Neiges. Pas du temps où nous étions aux couches - je ne connaissais pas Cécile à ce moment-là - . Plus au début de l’adolescence alors que nous fréquentions toutes deux le même groupe de catéchèse. Elle, pour préparer sa confirmation. Moi, pour fréquenter les servants de messe, d’abord par curiosité puis rapidement par concupiscence. Eh oui ! La chose m’intéressait déjà à ce bel âge qui se caractérise par l’innocence… des parents.           Elle m’a demandé si j’avais toujours Carcajou, mon chien corgi carotte

Le monde de Charlotte. Chap. 8 : Grand-maman Gauthier

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             À la mort de maman, j’avais à peine seize ans. Comme mon père était disparu dans le décor sans laisser d’adresse, c’est ma grand-mère Gauthier, la mère de maman, qui a hérité de ma garde. J’ai donc fait ma petite valise et pris le train pour… Saint-Camille-des-Piles, un trou perdu en Haute-Mauricie. Qu’est-ce qu’il y avait de remarquable dans ce village qui comptait moins de 800 âmes à l’époque ? Rien, absolument rien sinon que le flottage du bois sur le Saint-Maurice avait débuté tout près de là en 1846 et qu’il s’y était arrêté en 1996. Tout comme le Temps d’ailleurs.           Cela dit, laissez-moi vous décrire un peu l’endroit où j’allais compléter mon adolescence loin de tous les plaisirs de la grande ville. Saint-Camille-des-Piles est traversé par la voie ferrée et une seule rue qui, naturellement, s’appelle la Principale. De part et d’autre de cette rue partent des chemins, forestiers vers l’ouest, sablonneux vers le bord de la rivière. Au centre du village, l’é

Le monde de Charlotte. Chap. 9 : Sœurette

            Ma sœur Guylaine envie ma vie aisée. Elle m’envie d’avoir eu autant d’hommes dans mon lit, elle qui attend encore qu’un premier amant dépose ses chaussures au pied de son lit. Ne jamais avoir été désirée semble avoir desséché son cœur, fané sa fleur de l’âge.           J’ignore si c’est le ressentiment qui lui fait dire ça, mais elle me répète sans cesse que je l’ai facile. Je sens comme un reproche dans sa voix quand elle le dit. Pauvre sœurette : elle ne voit pas, ou plutôt ne veut pas voir tous les efforts que je dois faire pour satisfaire mes clients, tous les désagréments que je dois endurer : les odeurs désagréables, la lubricité, la laideur sans compter l’humiliation d’être constamment traitée comme une Marie-couche-toi-là.           J’aimerais pouvoir répondre à Guylaine qu’elle ne voit que ce qu’elle n’a pas, mais je me retiens par crainte de perdre le dernier membre de ma famille. Je conviens plutôt avec elle qu’il existe effectivement des femmes qui l’ont b

Le monde de Charlotte. Chap. 10 : Soirée cinéma à la maison

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            Mon Dieu ! J’ai les jambes mortes. Il va falloir que je réduise la cadence sinon je vais devoir abandonner ma pratique dans très peu de temps. Heureusement, j’ai congé ce soir et demain. Vivement mon fauteuil Queen Ann avec son appuie-pieds ! Qu’est-ce que je regarderais bien ce soir ? La Liste de Schindler ? Surtout pas : je suis absolument incapable de manger en écoutant un film sur les camps de concentration. Alors, Django déchaîné ? Non, trop long et trop violent, quoique Leonardo DiCaprio, un de mes apollons préférés, y tient un fort beau rôle. M’enfin, il parait qu’il préfère les jeunettes aux femmes de son âge. Aussi bien dire que je suis une vieille croûte pour lui. Ah ! Je l’ai : Miss Pettigrew et le jour de sa vie (version française de Miss Pettigrew lives for a day ). J’ai déjà vu ce film une dizaine de fois, mais je ne me lasse pas de voir Frances McDormand en pauvre gouvernante qui n’arrive pas à garder un emploi dans le Londres de 1939. Allez hop, dans le

Le monde de Charlotte. Chap. 11 : Eille, je suis là !

             Aujourd’hui, les garçons apprennent la sexualité sur l’Internet en passant de longues heures sur des sites pornos. Résultat : ces trop-pleins de testostérone développent des fantasmes malsains que leurs partenaires ne peuvent ou ne veulent pas satisfaire. Quand elles les envoient promener après avoir vainement tenté de leur expliquer la différence entre cul et amour, entre viande et humain, ces malappris se tournent vers les fonctionnaires du sexe comme moi pour étancher leur lubricité. Car, voyez-vous, ils ont aussi appris sur l’internet que l’argent achète tout, même le vice. Alors, ils y vont à fond la caisse sans se soucier du prix. Surtout, sans se soucier de leur santé mentale ni de leur équilibre émotif. Ceux-là, je les ai drôlement en pitié.           Rien de mieux qu’un exemple pour illustrer mon propos. Rassurez-vous, je n’entrerai pas dans les détails. J’ai déjà eu comme client un beau jeune homme dans la vingtaine qui trippait sur les souliers de femme. J’a

Le monde de Charlotte. Chap. 12 : Pour qui sonne le verglas

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   Le verglas de la semaine dernière vous a sans doute rappelé celui de 1998. Pour ma part, il a ravivé un tout autre souvenir. C’était au début de ma pratique. Un jour, j’ai reçu l’appel d’un client qui voulait absolument que j’aille chez lui. Généralement, je refuse de me déplacer pour des raisons de sécurité. Mais cette fois-là, je me suis laissé convaincre par l’argent. La porte sera débarrée, tu auras juste à entrer et venir directement dans ma chambre, me dit-il le souffle un peu court, avant de raccrocher brusquement. Le jour dit, quelque vingt-quatre millimètres de pluie verglaçante se déversent sur la ville rendant trottoirs et chaussée quasiment impraticables malgré l’épandage d’abrasifs. De peine et de misère, je parviens à me rendre chez mon client. La porte est effectivement déverrouillée. J’entre. Toutes les lumières sont éteintes : seuls de gros lampions d’église éclairent le chemin à suivre pour gagner la chambre. Là, je découvre une autre série de lampions formant

Le monde de Charlotte. Chap. 13 : Luxuriances

            Je pourrais vous parler encore longtemps des hommes à la sexualité déviante, condamnés selon moi à un célibat malheureux. Mais, je tiens à vous parler aussi de mes deux groupes de clients préférés : les inexpérimentés et les fidèles. Les deux groupes assurent mon fonds de commerce et me font vivre de beaux moments.           Les premiers, vous vous en doutez bien, sont les hommes avec peu ou pas d’expérience sexuelle. Fréquemment aussi, avec peu ou pas de confiance en eux. Ceux-là veulent apprendre à bien faire les choses pour éventuellement avoir des relations enrichissantes avec les femmes.   Ces hommes sont sains d’esprit et ma foi, ont souvent de très beaux de corps. J’en veux pour exemple ce jeune homme dont je vous ai déjà parlé et qui m’a rapporté d’Europe une bonne bouteille de Gewurztraminer [1] . Je tire de la fréquentation des inexpérimentés la triple satisfaction d’être utile, de gagner de l’argent et d’éprouver du plaisir. Que demander de plus ? Vous allez

Le monde de Charlotte. Chap. 14 : Les fleurs de la colère

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  Comme tout le monde, j’aime recevoir des cadeaux. Si possible un bijou, sinon des chocolats belges [1] . Cependant, il en est un que j’ai en horreur C’est celui de recevoir des fleurs. Certes, j’aime leur beauté, leur parfum, Mais leur langage est trop complexe pour moi. Trop de symboles leur sont associés.   Par exemple, prenez l’humble coquelicot. On me l’offre à chaque automne non pour fêter les moissons, Mais pour me rappeler les deux grandes boucheries. Aussi, que dire de la rose, véritable déclaration d’un amour Qui, si j’en crois la chanson, ne dure qu’un moment. Que dire de l’œillet rouge sang pour le mariage, De l’orchidée blanc virginal pour le bal de graduation, Du chrysanthème jaune soleil pour le salon funéraire ?   La fleur que je déteste le plus est certainement le pétunia. Cette proche parente du tabac aux allures très modestes Est une véritable déclaration de colère, si ce n’est de guerre. Surtout quand c’est ma sœur qui m’en

Le monde de Charlotte. Chap. 15 : Mon voisin silencieux (et quasi invisible)

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            Vous vous rappelez sans doute que j’habite dans un multiplex. C’est donc dire que j’ai un voisin de palier. Enfin, presque. Mon voisin est tellement silencieux et si peu visible, que j’ai souvent l’impression d’être seule sur l’étage. Heureusement, il me rappelle son existence à chaque semaine, plus exactement le jour de la collecte des ordures. Ce jour-là, mon voisin dépose ses petits sacs blancs sur le palier pour que je descende les mettre au bord du trottoir avec les miens. Je crois qu’il voit ça comme un échange de services : si tu sors mes déchets, je resterai invisible. La première fois que je l’ai croisé sur le palier, il occupait le logement depuis déjà un mois. Non, réflexion faite, depuis presque deux mois. Je m’attendais à voir un vieil hibou à moitié déplumé. J’ai donc été agréablement surprise de découvrir un beau jeune homme à l’allure racée, mais à l’apparence négligée. Quand je lui ai demandé ce qu’il faisait dans la vie, Bastien – c’est son nom – m’a sim

Le monde de Charlotte. Chap. 16 : La vie en rose

            Je ne suis pas de celles qui s’enferment à double tour par peur d'être attaquées ou volées. Ce serait m’emprisonner moi-même. Je suis plutôt de celles qui proclament haut et fort que si quelqu’un veut s’en prendre à moi, il   aura affaire à la police. C’est la meilleure arme que j’ai trouvée pour vivre en paix de l’autre côté de la clôture des conventions sociales.           Vous ne connaissez pas cette clôture ? C’est sans doute parce que vous êtes toujours resté dans le droit chemin à suivre les grandes règles morales qui gouvernent notre société : l’honnêteté, la fidélité, la tempérance, le rejet des drogues illicites, l’observance religieuse, l’hétérosexualité, etc. Pour vous, la clôture est aussi invisible que le dôme qui protège les habitants de Seahaven du monde extérieur dans le film The Truman Show (1998).           Cependant, si l’envie vous prend un jour de sauter la clôture pour voir comment ça se passe, demandez à une personne habituée d’y vivre de v