À la recherche du chum perdu
Un texte de Marcelle Proulx Longtemps je me suis couchée de bonne heure. Non pas pour lire ou écrire comme mon homonyme d’outre-mer qui souffrait de quitter son lit à baldaquin, mais pour mieux réfléchir à ce que j’allais faire de mon chum. L’envoyer se promener du côté de chez Swann, sa famille biologique? Le laisser butiner à l’ombre des jeunes filles en fleurs? Ou bien le garder prisonnier entre mes cuisses? La question est d’importance car Ignace, mon chum, est toujours perdu. Et quand je dis perdu, je ne veux pas seulement dire dans ses livres, ce qui l’empêche généralement de m’accueillir quand je reviens à la maison, ou dans ses pensées, ce qui annihile depuis des lunes toute velléité libidineuse de jouer à Sodome et Gomorrhe. Je veux aussi parler des malentendus de mon peu loquace d’Ignace, et de ses oublis existentiels qui finissent par vous gâcher l’appétit quand ce n’est pas la vie ! Quelques exemples éclaireront mon propos et vous permettront, je l’espère, de me