Le monde de Charlotte. Chap. 1 : Je m'appelle Charlotte

 

Je m'appelle Charlotte, pis j’aime les carottes! Je les ai toujours aimées. Quand j’étais toute petite, maman n’avait même pas besoin de faire l’avion avec la cuillérée de purée pour que j’ouvre tout grand la porte du hangar. À bien y penser, c’est peut-être pour ça que j’ai plein de taches de rousseur. 

Vous me demandez mon âge, monsieur? Ne savez-vous pas qu’il est impoli de poser cette question à une dame et ce, peu importe sa qualité? Qu’il vous suffise de savoir que j’ai l’âge de vous accueillir dans mon lit. Je vous dirai même que j’ai l’âge des folies et que d’en faire, jamais je ne me prive.

J’aime rire, m’amuser. En toute confidence, je vous dirai que j’aime tous les plaisirs, même les défendus. Surtout les défendus! Certes, je suis une femme de petite vertu. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle vous êtes venu ici. Cependant, sachez que je suis aussi une femme de passions capiteuses. Tout comme les Mini-Wheats de Kellogg, j’ai un côté givré et un côté sérieux.

Je vois que vous fixez mes tresses auburn. Vous font-elles penser à quelque personnage de bande dessinée ? À l’icône féministe Fifi Brindacier par exemple? Hum, je sens qu’elles vous inspirent un fantasme. Vous voyez-vous les tenir tels des rênes et me mener à hue et à dia dans la position de la levrette? À moins que vous ne préfériez la position de la brouette javanaise. Attention, je vous avertis, il s’agit d’une position exigeante, qui requiert de la force et de l’endurance. Je la réserve généralement aux pompiers, aux soldats et aux jeunes mâles bien entraînés. Mais pour vous dont la pointure suggère une forte membrure, je suis prête à faire une exception.

Vous rougissez monsieur? S’il vous plait, ne faites pas l’ingénu. Je peux lire dans votre regard que vous avez une grande expérience de la chair et que mon corps vous plait. Comme dit ma jeune sœur dont la maigreur n’attire personne dans son lit, pas même les punaises, les potelées ont la cote en ce  siècle.

Venez, monsieur ! Touchez mes tresses, caressez mes rondeurs. Voyez comme le bleu du ciel danse dans mes yeux un tango fait pour nous deux. Allez, faites-vous plaisir. Je suis là pour ça. Pour le paiement, on s’arrangera après. C’est vous dire comment je suis sûre de mes charmes et de ma capacité à vous faire jouir. Non, s’il vous plait, ne me comparez pas à Nelly Arcan. Je m’appelle Charlotte, pis j’aime les carottes.


Jane Austen, acrylique et collage d'Adèle Blais


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