Le monde de Charlotte. Chap. 7 : Ma copine Cécile
Ma copine Cécile a profité du récent congé scolaire pour
venir me rendre visite. Il vous faut savoir qu’elle demeure à Coaticook depuis
qu’elle s’est mise en couple avec Charles Chartier, un éleveur de charolaises
du coin, lequel lui a conçu coup sur coup cinq petits chenapans. Donc, beaucoup
de chemin - et
de carburant - pour
se rendre ici, sur la rue Champlain à Chicoutimi.
À chaque fois que nous nous voyons, nous retombons en
enfance à Côte-des-Neiges. Pas du temps où nous étions aux couches - je
ne connaissais pas Cécile à ce moment-là -. Plus au début de l’adolescence alors que nous
fréquentions toutes deux le même groupe de catéchèse. Elle, pour préparer sa
confirmation. Moi, pour fréquenter les servants de messe, d’abord par curiosité
puis rapidement par concupiscence. Eh oui ! La chose m’intéressait déjà à ce
bel âge qui se caractérise par l’innocence… des parents.
Elle m’a demandé si j’avais toujours Carcajou, mon chien
corgi carotte et crème. Avant même que je puisse répondre, le carnivore couché
sur le canapé du salon a jappé « Présent », sauté à terre et couru
vers Cécile pour se faire câliner et quêter un cookie.
En riant, je lui ai avoué qu’en plus de Carcajou, j’avais
encore tous les chiens de mon adolescence. Pas vrai, s’est-elle esclaffée ! Et
moi de la conduire dans ma chambre et de faire coulisser la porte du placard.
Devant nous se tenaient assis bien sagement de gros clébards en peluche,
cadeaux de mes anciens petits copains du collège. Chacun portait le nom de son
donateur : Christophe, un authentique Caldoche - le chum, pas le chien -,
Caleb, Chong, Carlos et, mon préféré, Cvitko, un bel imberbe filiforme, à la
peau couleur cacao, originaire de Croatie.
Même Cécile, pourtant une fan finie du poil et du muscle, s’était un
jour amourachée de lui. Pour ma part, j’aurais volontiers convolé en justes
noces avec Cvitko si ce n’avait été d’un tout léger détail : iel était
polyamoureux !
J’ai rapidement refermé le placard avant que les larmes ne
fassent couler mon mascara. Nous sommes revenues à la cuisine où nous avons
causé pendant des heures en cassant la croûte et en calant du grand cru Le
Clos, un chardonnay aromatique avec des notes de cerise. Cécile m’a
longuement entretenue de sa marmaille et de son viril compagnon. De mon côté,
il n’était évidemment pas question que je cancane sur ma clientèle de cul.
Alors, je lui ai concocté une belle histoire comme quoi j’étais coiffeuse au
salon Claudette sur la rue Cailhier. Cela m’a été d’autant plus facile que je
fréquente assidûment ce commerce depuis des mois et que j’en connais presque
tous les commérages.
Les jours suivants, nous avons visité le complexe muséal de
la Pulperie, la cathédrale, la fameuse cabane blanche (devenue un musée) et le
presbytère du Sacré-Cœur, un magnifique manoir de style Château érigé en
1918-1919. Nous étions à nouveau deux couventines découvrant le monde.
Le cinquième jour, Cécile est repartie au volant de sa
Corolla champagne, non sans m’avoir fait jurer de venir la visiter très bientôt
à Coaticook. Promis, lui ai-je répondu en refermant la porte. Puis, tout en me
félicitant d’avoir réussi à lui cacher combien j’enviais son bonheur, je suis
retournée voir mes clébards. J’ai pris Cvitko dans mes bras et là, finalement,
je me suis laissée aller à chialer un bon coup.
Note de l’Auteur : Le but de cet exercice était de choisir une lettre de l'alphabet et d'utiliser le maximum de mots commençant par cette lettre.Pour cet exercice, il s’agissait de choisir une lettre de l’alphabet, puis de choisir sept mots commençant par cette lettre. J'ai choisi, vous l'aurez sans doute deviné, la lettre C. Comme dans Charlotte.
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