Le monde de Charlotte. Chap. 10 : Soirée cinéma à la maison
Mon Dieu ! J’ai les jambes mortes. Il va falloir que je
réduise la cadence sinon je vais devoir abandonner ma pratique dans très peu de
temps. Heureusement, j’ai congé ce soir et demain. Vivement mon fauteuil Queen
Ann avec son appuie-pieds ! Qu’est-ce que je regarderais bien ce soir ? La Liste
de Schindler ? Surtout pas : je suis absolument incapable de manger en
écoutant un film sur les camps de concentration. Alors, Django déchaîné
? Non, trop long et trop violent, quoique Leonardo DiCaprio, un de mes apollons
préférés, y tient un fort beau rôle. M’enfin, il parait qu’il préfère les
jeunettes aux femmes de son âge. Aussi bien dire que je suis une vieille croûte
pour lui. Ah ! Je l’ai : Miss Pettigrew et le jour de sa vie
(version française de Miss Pettigrew lives for a day). J’ai déjà vu ce
film une dizaine de fois, mais je ne me lasse pas de voir Frances McDormand en
pauvre gouvernante qui n’arrive pas à garder un emploi dans le Londres de 1939.
Allez hop, dans le lecteur DVD.
Maintenant, qu’est-ce que je vais grignoter pendant que Miss
Pettigrew essaie vainement de se mettre de quoi sous la dent ? Hum ! Allons-y
pour un sac familial de croustilles Lay’s et un grand verre de soda au
gingembre. Je suis prête. Play.
Pauvre Miss Pettigrew ! Comme elle reçoit son bol de soupe
populaire, un manant la bouscule et renverse sa pitance. Elle se retrouve
ensuite à la gare de train où un balayeur lui pique sa proie (un cœur de pomme)
sous son nez. Heureusement, mon alter ego – car oui, je m’identifie à elle – a
du ressort pour deux.
Usant d’astuce, Miss Pettigrew usurpe une place de
secrétaire sociale chez Delysia Lafosse (sic!), une jeune et belle artiste à la
cuisse aussi légère que son déshabillé. Idem pour Nick, le mignon nu dans son
lit. Cela ne fait que renforcer mon opinion sur les gens jeunes et beaux :
ils ne sont pas fidèles en amour. Tiens, mon bol de croustilles est vide. Pause.
Je vais le remplir à nouveau et en profiter pour me verser un autre verre de
soda. Qu’est-ce que je vois là ? Une boîte de cerises au marasquin enrobées
de chocolat au lait. Ce sera parfait avec mes croustilles. Play.
Juste à temps pour voir apparaître Joe (le beau Ciarán
Hinds), un créateur de lingerie féminine très raffiné et… riche. L’homme de mes
rêves. Edythe, sa méchante fiancée, le trompe à tour de reins. Au début, j’en
avais pour le beau Michael, le pianiste éperdument amoureux de Delysia, mais je
me suis rendu compte au fil des visionnements, qu’il ne sera jamais heureux
dans la vie. Trop idéaliste et un brin naïf. Maintenant, je préfère Joe, un
homme fidèle qui, s’il accepte de m’épouser, me permettra de quitter ma
pratique et, qui sait, de lui faire un héritier ou deux. Pause.
J’ai définitivement une vessie nerveuse. À moins que ce ne
soit le soda au gingembre qui ne me fasse pas. D’accord, finie la boisson
gazeuse pour ce soir. Je passe à la bière. Une Belle Gueule, légère comme
toutes les blondes. Je crois qu’il me reste des noix de cajou salées. Les voici
! Play.
Edythe a démasqué Miss Pettigrew et s’apprête à la dénoncer
devant tout le monde. Heureusement au même moment, les sirènes de raid aérien
se font entendre. Tous courent se mettre à l’abri et les lumières s’éteignent.
Quand elles se rallument, Delysia découvre Nick sous une table en train
d’embrasser goulûment une starlette. Excédé par les caprices d’Edythe, mon beau
Joe rompt définitivement avec elle. Miss Pettigrew et moi allons finir la nuit
à la gare de train où, au petit matin, Joe vient me déclarer son amour et
m’inviter à déjeuner dans un grand restaurant. Mon premier vrai repas depuis
trois jours. Fin du film. Sniff, sniff!
J’essuie mes larmes, puis éteins le lecteur et ramasse tout
ce qui traîne. Mon ventre gargouille. Je crois que j’ai trop mangé. Pas grave.
Joe va dormir avec moi ce soir. Je vais passer une super nuit dans ses bras.
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