Le lendemain, je me réveillai avec un méchant mal de bloc, vous savez le genre qui suit une soirée trop arrosée. Pourtant, je n’avais pas bu une goutte la veille. Je m’apprêtai à me lever lorsqu’une jambe posée sur ma sénestre me rappela que, depuis quelques heures, je n’étais plus seul dans mon lit. Un homme dormait à mes côtés du sommeil des justes, c’est-à-dire à poings fermés. Il me fallut quelque temps pour me rappeler son nom, Mathis, et la raison de sa présence dans mon lit : fruit non béni de mes entrailles, ce héros imaginaire s’était incarné hier soir pour m’inspirer un grand roman. J’avais bien commencé à penser à un roman, mais mon cerveau avait refusé de coopérer. En lieu et place, il avait accumulé d’imaginaires acétaldéhydes jusqu’à ce que le bloc me fasse mal, ce qui avait empêché toute forme de raisonnement de prendre forme. Ne me restait plus qu’à me préparer un café extra-fort et à me mettre au boulot devant mon portable. Voulant tirer profit du...