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M&L 8 : Fremont, USA

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    De : Personnage.Laura@imaginaire.com À : Auteur.Passoire@realite.com Date : 19 juin 2023 Objet : La Californie et Fremont   Bonjour notre Auteur adoré, Tu n’as pas idée du bonheur que nous venons de vivre, du bonheur que nous te devons. Crois-le ou non, Mathis et moi avons enfin découvert notre raison d’être. Rien de moins. Je dirais bien comme la chanson, que nous avons laissé notre cœur à San Francisco, mais pour ça il eut d’abord fallu que nous nous y rendîmes, ce qui ne fut pas le cas. Après Hurricane, nous avons décidé d’un commun accord de faire un petit détour par Los Angeles, question de marcher sur le trottoir des célébrités et de voir de près le célèbre panneau Hollywood. Le pèlerinage fait, nous avons été lézarder sur les plages de sable chaud de Malibu, avec le secret espoir de croiser quelques stars hollywoodiennes. Malheureusement, elles ont toutes brillé par leur absence. Nous y avons plutôt croisé, pour le plus grand plaisir de nos sens, de jeunes  

M&L 9 : La parade du Solstice d'été

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    De : Personnage.Mathis@imaginaire.com À : Auteur.Passoire@realite.com Date : 21 juin 2023 Objet : La parade du solstice d'été   Bonjour l’Auteur, Nous espérons que les bonnes nouvelles d’hier ont ravivé ton intérêt pour nos aventures. Faut dire que tu ne nous donnes pas souvent signe de vie. C’est bon signe, m’a dit Laura ce matin : ça veut dire qu’il travaille à fond sur son roman, sur notre roman. Tant mieux alors, surtout que j’ai plein de choses à te relater au sujet de la parade du solstice de Fremont. Le matin du 21, nous nous sommes présentés à neuf heures à l’un des kiosques de Body painting avec, dans notre sac de plage, les deux passoires de Weaverville et les deux serviettes de plage de Malibu.   Quelle ne fut pas notre surprise de constater que toutes les personnes en attente étaient complètement nues. À Fremont, le Body painting est intégral ! Heureusement, Laura avait eu la bonne idée de mettre dans le sac nos costumes de bain au cas où . Je n’ai

M&L 10 : Racho Palos Verdes, CA

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    De : Personnage.Laura@imaginaire.com À : Auteur.Passoire@realite.com Date : 24 juin 2023 Objet : Rancho Palos Verdes, CA     Bonjour l’Auteur à qui je dois mon bonheur d’occasion,   Pour la grande finale de notre voyage, Mathis nous a ramenés sur nos pas en Californie où nous sommes descendus jusqu’à Rancho Palos Verdes, une charmante région agricole sise en bordure de l’océan dans ce qui s’appelle le Portuguese Bend. Au total, plus de 1500 km depuis Fremont, WA ! Je me suis dit que Mathis devait avoir une saprée bonne raison pour faire un tel détour avant de revenir au Québec.   Il avait effectivement une saprée bonne raison. Dès notre arrivée, il m’a emmenée sur les falaises surplombant l’océan. Là, nichée dans un petit boisé, j’ai découvert la plus belle chapelle qu’il m’ait été donné de voir dans ma vie. Surnommée « La chapelle enchantée », la Wayfarers Chapel est tout de verre habillée, les murs comme le plafond. Une frêle ossature de bois, très organique, soutie

Mathis et Laura : Épilogue

    Bon sang que je m’étais attaché à Mathis et Laura. Pendant presque neuf mois, soit l’équivalent d’une grossesse, j’ai vécu des moments merveilleux avec eux. Certes, j’abhorrais leur libertinage lorsqu’ils vivaient sous mon toit, mais j’ai vite appris à apprécier leur ouverture sur le monde, leur côté fonceur et leur capacité d’émerveillement. J’ai même envié leur naïveté, laquelle m’a souvent fait rire. Mathis et Laura ont rapidement compris que j’avais écrit la lettre apocryphe du pirate Maboule pour leur faire découvrir nos voisins américains. Jamais je n’aurais pensé qu’ils y découvriraient une nouvelle religion : le pastafarisme. Qui aurait cru que nos voisins combattraient la religion par la religion, l’enseignement du « dessein intelligent » par un spaghetti aux boulettes de viande ? Certainement pas moi ! Créé en 2005 par Bobby Henderson, le pastafarisme s’est répandu dans le monde comme une traînée de poudre. On trouve aujourd’hui des communautés pastafariennes partou

Marc-Antoine

             C’est un grand soir à la galerie Jacques Main : un peintre québécois de renommée internationale y expose ses dernières créations. Aussi, tout le gratin montréalais s’entasse dans la salle. S’y côtoient des financiers, des vedettes du petit et du grand écran, des célébrités sportives et, comme toujours, des politiciens. Plusieurs sont là pour se montrer en compagnie de l’artiste, pour étaler leur culture ou pour entretenir leur réseau social. Bien peu prennent le temps d’apprécier les œuvres accrochées aux cimaises. Au centre de cet aéropage mondain se tient l’artiste, tout de blanc vêtu tel un Classel. Souriant aux uns comme aux autres, il répond avec emphase à toutes les questions. On sent qu’il savoure pleinement son « quinze minutes de gloire ».           Un homme modestement vêtu se déplace d’un groupe à l’autre, appareil-photo à la main, pour immortaliser l’événement. Il s’agit de Marc-Antoine, un incel de trente-quatre ans, étalagiste le jour dans une succursale

La maison des soupirs

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             Il m’est arrivé une drôle d’aventure la semaine dernière. Je suis allé à la bibliothèque de ma municipalité emprunter quelques livres pour occuper mes longues soirées d’automne. Je ne nommerai pas cette bibliothèque pour une raison que vous allez bientôt comprendre. Sachez seulement qu’elle a été aménagée dans une ancienne église classée patrimoine culturel du Québec. J’ai toujours aimé le silence qui y règne : il favorise la concentration mentale et aide l’âme à s’élever.           Une fois sur place, j’ai commencé à déambuler sans but précis dans les différentes sections du Saint des saints de la littérature française. Comme j’entrais dans la section Romans , j’ai entendu quelqu’un soupirer très fort sur ma gauche. J’avançai prudemment m’attendant à trouver recroquevillé dans un coin une âme en peine ou un cœur brisé. Aussitôt quelqu’un d’autre a soupiré sur ma droite. Puis un autre au-dessus de ma tête. Et un autre à mes pieds. Après quelques pas, je me suis retrouv

Annie Leibovitz et moi

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             Je ne suis sans doute pas encore un artiste célèbre, mais je sais d’où me vient la passion de la photographie : des magazines de mon enfance.           Alors que mes amis allaient à la bibliothèque emprunter des livres, moi je fréquentais les kiosques à journaux  Multimag ou le rayon des revues chez Renaud-Bray. Mes amis lisaient Harry Potter , Star Wars ou Le Seigneur des anneaux . Moi, je me délectais des Life , Vogue et Vanity Fair de ce monde. Laissez-moi être plus précis : je me délectais des photos de ces magazines. Toujours d’une grande qualité artistique, ces photos (surtout celles des pages couvertures) transcendaient le réel. Elles élevaient leur sujet à un niveau intemporel, quasi divin. Je me rappellerai toujours la photo de Whoopy Goldberg étendue les membres en l’air dans une baignoire remplie de lait, ou cette autre de Bette Midler nue sur un lit de roses. Même l’horreur s’habillait de beauté à l’époque : un petit garçon marchant dans Central Park, u