L'enlèvement
-
Té sûr que tu veux pas qu’on aille te
reconduire ?
-
Non, non, chu correct. Pis, vous l’savez,
j’reste pas loin…
-
Té sûr ?
-
Oui, que j’vous dis. Oui !
-
OK alors, mais appelle-nous quand t’arriveras.
Ça va nous rassurer…
J’ai
de vrais bons amis. Toujours inquiets pour moi. Surtout quand je prends le
volant paqueté ben raide. Ce que je suis ce soir. J’ai bu plus qu’à
l’accoutumée. Mais, que voulez-vous, on n’a pas quarante ans tous les jours.
Faut fêter ça en grand l’arrivée au sommet de la montagne de notre vie, avant
que de la redescendre de dizaine en dizaine jusqu’au trou de notre tombe.
Comme
je gagnais le stationnement en arrière de la brasserie, deux formes sombres se
sont avancées vers moi. Avant que j’aie pu poser le moindre geste, l’une m’a
cagoulé avec ce qui m’a semblé être un châle de femme pendant que l’autre me
retenait par la taille. Une camionnette s’est approchée en faisant crisser ses
pneus et, prestement, je me suis retrouvé allongé sur le plancher du coffre,
coincé entre les deux sbires.
La
route m’a paru très longue, mais je pense que le véhicule a fait plein de
détours car il n’arrêtait pas de virailler à droite et à gauche. Finalement,
quelques cahots puis l’arrêt. La portière s’est ouverte, on m’a soulevé et on
m’a porté vers une lumière. Une voix féminine s’est fait entendre :
« Mon Dieu, Serge, qu’est-ce qui t’est arrivé ? ». « C’est rien
Claire, rien du tout. » a répondu la voix de Mathieu, mon meilleur ami.
« Serge a juste trop fêté ses 40 ans et on a pensé te le ramener pour pas
qu’il ait un accident en chemin ».
Je
vous l’avais bien dit que j’avais de vrais bons amis !
Le
16 août 2018
Commentaires
Publier un commentaire