Une jardinière en herbe

 

Mademoiselle Tremblay nous autorise enfin à sortir dehors pour jouer. Il était temps ! Le soleil qui réchauffe la cour depuis le déjeuner est à veille de se cacher derrière la grosse usine. OK, il n’y a pas beaucoup de jouets dans la cour. Juste un gros ballon multicolore que Pierre ne veut pas partager avec nous, et un arrosoir pour les fleurs. Moi, j’aurais aimé ça me balancer. Un vieux pneu accroché à la branche d’un arbre avec une grosse corde noueuse m’aurait amplement suffi. M’enfin, on ne peut pas tout avoir à quatre ans ! Déjà, il fait bon gambader sur le gazon et cueillir des marguerites. 

Soudain, je vois Rosalie et Michel qui partent à courir vers la clôture. Eh les amis, que je leur crie, Mlle Tremblay nous a interdit de s’approcher de la clôture. N’obtenant pas de réponse, je pars les rejoindre. La clôture, en mailles de métal recouvertes de vinyle vert, fait plusieurs fois ma taille de gamine.

 Suivant le regard de mes amis, je vois au loin une mère s’avancer vers nous avec une petite fille de mon âge. La petite fille tient la main de sa maman. Elle respire le bonheur. Toutes deux passent devant nous sans nous regarder. Rosalie, Michel et moi les suivons en longeant la clôture. Quand la maman tourne le coin pour disparaître de notre vue, nous retournons cueillir des fleurs.

 Je choisis une belle marguerite au cœur jaune et je commence à arracher les pétales blancs un à un : jamais, peut-être, oui, sûrement, non… peut-être, oui, sûrement ! Youpi, mon vœu va se réaliser. Un jour, moi aussi je vais avoir une maman qui va venir me chercher à l’orphelinat et m’amener faire les courses avec elle.

Une jardinière en herbe. Sr Marie-Thérèse Coulombe, 1994


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