Le grand œuvre d'Albert
Albert avait soixante-dix ans. Ses enfants et petits-enfants étaient venus le fêter en fin de semaine. Il se reposait maintenant dans sa berceuse préférée en regardant l’album de photos familial. Sa femme l’avait quitté pour la grande ville après lui avoir donné trois beaux enfants, aujourd’hui dispersés loin de Magog. Lui n’avait jamais pu se résoudre à quitter sa ville natale et ce, même si la Dominion Textile où il avait travaillé pendant près de quarante ans l’avait mis à la retraite forcée en fermant ses portes quinze ans plus tôt. Albert avait profité de sa retraite pour parfaire son éducation en s’inscrivant à des cours de l’Université du Troisième Âge. Intéressé d’abord par les cours d’histoire, il s’était ensuite risqué à suivre des ateliers d’anglais et d’écriture. Aujourd’hui, Albert avait l’agréable impression d’avoir finalement complété son secondaire. Soixante-dix ans, songeait-il, c’est le bon âge pour entreprendre un dernier grand projet. Quoi exactement ? Il ne p