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Station Mont-Royal

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    Bonjour, je m’appelle Maxime. J’ai 28 ans, les yeux gris et les cheveux châtain pâle. Je mesure 1m80 et pèse 78,5 kg (je surveille mon poids de très près). Je travaille comme entraîneur personnel dans un gym du centre-ville de Cône Orange . Je demeure au cœur du Plateau Mont-Royal. S’ajoutent à mes entraînements au gym, des triathlons en été et du ski de fond en hiver. Résultat : j’ai un physique très avantageux, pour ne pas dire athlétique (oui mesdames, j’assume ce que je suis). Avec un tel profil, vous pensez sans doute que je suis submergé de demandes en mariage. Détrompez-vous : la beauté masculine semble exercer un effet pernicieux sur les femmes. Celles qui m’abordent ne s’intéressent qu’à mon corps et a contrario , celles qui m’intéressent n’osent pas me parler en raison de mon physique. Hormis quelques aventures sans lendemain, je demeure célibataire. Je me rendrais bien au travail à vélo ou en Bixi™ électrique, mais je me fais un devoir d’arriver au gym frais comme

Marthe et Eddy

    Marthe rencontra Eddy un samedi soir du printemps 1958. Elle avait alors 28 ans et ressemblait à une star de cinéma avec sa silhouette filiforme et ses longs cheveux bruns bouclés qu’elle devait malheureusement attacher avec un ruban sous une coiffe quand elle travaillait, car elle était infirmière à l’hôpital Notre-Dame de Montréal. Elle avait enfin pu obtenir de la directrice des soins une fin de semaine de congé et elle comptait bien en profiter. Aussi, au lieu d’aller passer son samedi soir chez sa mère pour l’écouter lui raconter toutes les nouvelles de La Patrie et du Petit Journal , elle décida d’aller danser au Centre paroissial Saint-Sacrement. Elle mit la belle robe blanche fleurie qu’elle s’était confectionnée pendant l’hiver, affina sa taille avec une ceinture rouge cerise et accrocha ses boucles d’oreille porte-bonheur. Une fois dans la salle, elle s’assit avec les autres femmes célibataires le long du mur face à l’orchestre et attendit patiemment qu’un homme vien

L'homme-phare de Magog

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    Je tourne en rond depuis près de vingt minutes : où donc se trouve le 69 rue des Tourterelles-tristes ? Ah, le voici. Une entrée discrète entre deux haies de cèdres. J’aime. Bon, je suis pile à l’heure. Je me gare et vais sonner chez ma nouvelle Beauté désespérée . Madame m’accueille en peignoir et mules de fourrure. Je suis habitué, je dirais même que ça fait partie du métier. Je m’arrange pour arriver chez mes clientes tôt le matin, après le départ du mari. Vous comprendrez facilement que je n’aime pas avoir Monsieur dans les pattes pendant que je travaille. Avant d’être sur les routes de Magog, je travaillais comme serveur dans un restaurant chic de la rue Principale. C’est là que j’ai compris l’avantage que je pouvais tirer de ma jeunesse – j’ai 28 ans – et de mon physique avantageux que j’entretiens à coup de visites au gym et au salon de bronzage. Je sais, bronzer n’est pas bon pour la santé, mais que voulez-vous, il faut savoir faire des sacrifices pour plaire aux dames.

Le livre d'avril

    Pourquoi a-t-il fallu que je naisse en avril ? C’est le pire mois de l’année : au début quelques beaux jours de chaleur qui, chaque année, nourrissent un faux-espoir de printemps ; puis, vers la fin, des giboulées qui nous font regretter d’avoir posé nos pneus d’été quand il faisait chaud. Tout ça entrecoupé de journées froides et pluvieuses qui rappellent à mes articulations l’usure du temps. Le seul sport extérieur qu’on peut pratiquer en avril est le démontage des abris Tempo. S’il devient olympique, la compétition aura-t-elle lieu pendant les Jeux d’hiver ou d’été ? Avril me cantonne à la maison au coin du feu. Et je ne vous parle pas de la pandémie qui me confine à la solitude et qui va m’obliger à être l’unique convive en présentiel pour fêter mes soixante-cinq ans. Heureusement, je me suis abonné il y a deux ans au club de lecture de ma bibliothèque. Chaque mois, je reçois un nouveau livre que je lis, puis commente lors de la rencontre virtuelle des membres. Justement ce

Ma paramentique

   J’ai passé une bonne partie de mon enfance à servir la messe. Dans l’exercice de mes fonctions, je portais une soutanelle à quarante boutons revêtue d’un beau surplis en dentelle blanche. Ma soutanelle était noire pour les messes basses et les grand-messes, rouge pour les grandes occasions comme la Fête-Dieu et Pâques. En soutanelle noire, je déplaçais le gros missel du célébrant d’un côté à l’autre de l’autel, j’apportais les burettes et la serviette, je sonnais la clochette au moment de l’Offertoire, et je tenais la patène sous le menton des communiants. Aussi bien dire que c’est moi qui disais la messe tant je faisais tout de l’ Introït à l’ Ite missa est . Il en allait tout autrement quand je portais la soutanelle rouge. Mon rôle se résumait alors à être thuriféraire, celui qui porte l’encensoir,   céroféraire, celui qui porte le cierge, ou cruciféraire, celui qui porte le crucifix. Un jour, j’ai même été le porte-mitre de l’évêque lors d’une Confirmation. Moins chanceux,

Qui dit Germaine dit Rosaire

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    J’ai connu Jean-Marc il y a 20 ans à la polyvalente où nous enseignions tous deux, lui le français moi les mathématiques. Son épouse, Estelle tenait maison et élevait leurs trois filles. Au fil du temps, nous sommes passé du stade « collègues de travail » à celui « d’amis ». J’ai rapidement compris que son couple battait de l’aile. Estelle était ce qu’on appelle une Germaine, une femme qui gère et qui mène. À chaque semaine, elle dressait la liste des tâches que Jean-Marc devait effectuer la fin de semaine. Elle décidait où la famille allait passer ses vacances estivales, quand et comment. Inutile de dire que je plaignais beaucoup mon collègue d’être ainsi mené par le bout du nez. Aussi, pour l’aider à ventiler sa situation familiale, je décidai d’inviter Jean-Marc à participer à certaines de mes activités sportives. Je l’invitai tout d’abord à jouer au golf avec des amis d’enfance. Dès le deuxième trou, ses souliers commencèrent à lui faire mal. Jean-Marc expliqua qu’il avai

Mon 40e anniversaire de naissance

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    Je verse une larme de joie : mes amis vont fêter mon 40 e anniversaire de naissance. Un dîner chez Annie et Robert, avec Roger et Nicole, Brian et Fabien. J’irai seul. Pour la première fois depuis quatorze ans. Sophie m’a quitté il y a six mois pour un jeune entraîneur personnel. Je n’ai rien fait pour essayer de la retenir. À quoi bon ! Je suis bedonnant, à demi chauve et je peine à gagner ma vie comme travailleur autonome. Je n’avais aucune chance. Malheureusement, j’exerce une profession en voie d’extinction : traducteur de l’anglais vers le français. Mes clients me lâchent un à un au profit de l’intelligence artificielle, quand ils n’abandonnent pas tout simplement la traduction en constatant que le Québec est de plus en plus bilingue. J’en veux pour preuve cette grande banque torontoise, jadis une de mes fidèles clientes, qui ne communique plus qu’en anglais avec ses clients québécois. Au diable le bilinguisme officiel du fédéral. La séparation a signifié vendre notre m