(4 de 4) Réponse de Valentine à la lettre de son ex
Odieux David,
Nous avons été mariés dix longues années et c’est la première lettre que je reçois de toi. Pas n’importe quelle lettre : une lettre tout en lignes aimables où tu me demandes de revenir en couple avec toi comme au début de notre mariage.
Je crois que tu n’as pas compris que c’est t-e-r-m-i-n-é entre nous. Le simple fait que je t’aie tranché net la zigounette avec un couteau Ricardo aurait dû te mettre la puce à l’oreille. Ou encore, le fait que tu me poursuives en justice pour rupture d’organe. Ne te fais aucune illusion : notre ultime rencontre aura lieu devant le juge. Ensuite, bye-bye mon cowboy!
Plus question d’être humiliée à répétition par tes infidélités avec de prétendues amies d’enfance, des collègues de travail ou Angèle, ton fantasme sexuel transgenre. Plus question pour moi de te voir rentrer aux aurores et me faire battre comme un fer chaud pour avoir osé demander à mon maudit mari avec qui il a passé la nuit. C’est toi qui me trompais et c’est moi qui mangeais les coups de rouleau à pâte! Le domicile est une place trop dangereuse pour la fragilité d’un corps de femme quand le mari est adepte de violence.
Lorsque nous serons devant le juge, regarde bien mes yeux sous mon front casqué de migraine. Tu y liras toute ma détestation. S’il faut que j’aille en prison pour la rupture de ton cher organe, sache que ce sera un paradis à côté de l’enfer de notre foyer conjugal.
Je tiens aussi à te dire – et ça enfonce le dernier clou dans le cercueil de notre couple – que j’ai un nouvel amoureux. Bernard est courtois, doux, attentionné. Tout le contraire de toi. Je l’ai rencontré à Radio-Canada où il est animateur de foule dans des émissions de variétés. Bernard aime penser à moi, se confier à moi, me dire ses peines. Chaque semaine, il m’apporte des fleurs, le plus souvent des immortelles pour me montrer son éternel attachement. M’as-tu déjà acheté des fleurs? Jamais!
Bernard aime tout de moi, y compris cette horrible moustache à la Manon Massé dont je n’arrive pas à me débarrasser. Aussi, pas de risque qu’il me trompe : Bernard n’est pas très porté sur la chose. Mieux, je ne l’ai jamais vu zieuter d’autres femmes. Quand il sort, il va à La Cage aux Sports avec ses copains regarder des matchs de lutte gréco-romaine. S’il rentre après minuit, jamais il ne sent le parfum ou ne porte de traces de rouge à lèvres. Surtout, je n’ai jamais trouvé le slip d’une Angèle dans son auto. Seulement un support athlétique, une fois. Bernard m’a expliqué qu’il était tombé du sac de sport de son partenaire de badminton.
Je sens enfin le bonheur à portée de ma main. Plus que jamais, je dois donner mon plein effort pour l’atteindre.
Les cicatrices de tes coups sont les Gardiennes de ma détermination à ne pas faire deux fois la même erreur.
Valentine
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