Hennisse qui mal y pense (ou La biopic d'Eustache)

 

Je suis né en Angleterre, non loin du château de Windsor, dans une étable très bien entretenue. C’est ma propriétaire, une Dame de la haute noblesse, très francophile, qui m’a donné ce nom d’Eustache. Mon enfance fut très heureuse : j’avais un lad particulier pour voir à mon entretien, et un jockey attitré pour m’entraîner à la course. Un beau jour, la Dame a déclaré que j’étais prêt. Le jockey a commencé à me faire concourir sur les plus grandes pistes en terre battue du Royaume-Uni. Finalement, en 2016, j’ai gagné le Grand National à Liverpool. Pour me récompenser, la Dame a décidé de me confier la reproduction de tout son haras. À l’instar de Roberto Benigni, je chantais La vita è bella !

Pour tout vous dire, je n’avais jamais été dans un haras avant ce jour-là. J’avais passé les cinq dernières années à voyager d’une piste à l’autre, d’un paddock à l’autre. Aussi, quand le lad m’a fait entrer dans le long corridor menant à l’enclos extérieur, je suis devenu très nerveux. J’ignorais totalement ce que j’allais y faire. Le lad a compris mon inquiétude. Il a commencé à me murmurer à l’oreille des mots rassurants. De chaque côté du corridor, il y avait des stalles closes par des demi-portes de telle sorte que je pouvais voir à l’intérieur. Dans certaines, il y avait des pouliches à l’air effarouché par ma présence; dans d’autres, des juments avec leur poulain. Plus j’avançais, plus j’avais l’impression que tous les yeux étaient tournés vers moi. Peu avant de sortir de l’écurie, j’ai entendu une jument souffler à une autre que j’étais le nouveau Starbuck. Je n’avais aucune idée de ce que ce mot signifiait.

Plusieurs personnes m’attendaient dans l’enclos, de même qu’une magnifique poulinière à la robe bai. À sa vue, mon corps s’est comme qui dirait transformé. Quelque chose que j’ignorais posséder entre mes pattes arrière s’est mis à enfler et allonger. Je n’avais jamais connu cette sensation auparavant. Plus j’avançais, plus je devenais excité. Pourquoi exactement, je n’aurais pu le dire à ce moment-là. Le lad a réagi en serrant ma longe. Puis, deux hommes ont approché la poulinière devant moi. J’ai instinctivement compris ce que je devais faire. J’ai mis mon train avant sur le dos de la pouliche et, avec l’aide de l’étalonnier, j’ai introduit mon membre là où il fallait. De l’autre côté de la clôture, trois personnes suivaient attentivement ma performance : la Dame, un jeune homme à l’air niais prénommé Ovila et une belle institutrice de village prénommée Émilie. Une fois l’acte accompli, le lad m’a ramené dans ma stalle sous le regard ébahi des juments et des pouliches.

J’ignore combien de temps je vais effectuer ce boulot, mais j’entends bien en profiter au maximum avant de prendre une retraite bien méritée dans les verts pâturages de la Dame de Windsor.




 

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