Voyez-vous ça !

 

 

C’est bien connu, Rachel est ricaneuse.

Mais, c’est aussi une grande dormeuse.

Allongée sur son lit après le diner,

Par le sommeil souvent elle se laisse emporter

L’empêchant ainsi de voir le temps passer.

Or, par un bel après-midi d’été

Ses trois sœurs l’ont laissée seule

Pour aller épier par-dessus les buissons

Les fesses des garçons.

Les cris de joie réveillent Rachel

Qui s’empresse de rejoindre sa fratrie.

Mal lui en prend : dans sa course,

Elle tombe et déchire sa belle robe bleue.

Pas grave, le jeu en vaut la chandelle.

Sur place, Rachel écarquille les yeux.

À la vue des corps nus, elle se met à ricaner.

Chut! lui enjoignent ses sœurs.

Trop tard, les garçons ont compris qu’on les observe.

Aussitôt, avec leurs mains ils cachent l’essentiel

Et vont se rhabiller dans le fourré.

Qu’à cela ne tienne, se dit Rachel

Demain, on annonce encore chaud.

Les garçons vont revenir se baigner.

Elle se promet de ne pas faire de sieste

Et de rester muette au bord de l’eau.

Après tout, c’est parmi eux

Qu’un jour, elle devra prendre mari.

 

Les fesses à l'air des années 1920-1930, Marie-Gélinas Mercier