Je n'ai que moi à dire
Je
n’ai que moi à dire, soit bien peu de choses. Mais je tiens quand même à vous
les dire pour que vous compreniez pourquoi je suis condamné à passer le restant
de mes jours enfermé dans cette cellule.
Je
suis né le cul bordé d’or. Mes parents étaient de hauts fonctionnaires de
l’État, ce qui signifie qu’ils n’étaient jamais à la maison. Aussi m’ont-ils
confié dès ma naissance à une nourrice de la région. Plus tard, ils ont fait
appel à un précepteur réputé pour sa sévérité. Il fut le premier à se livrer à
des attouchements sur moi. Chaque séance d’exploration se terminait par une
bonne fessée pour me punir de l’avoir induit en tentation.
Plus
tard, j’ai été contraint à des actes sexuels avec des membres de ma famille.
Chacun avait son petit vice secret qu’il assouvissait contre mon gré, souvent à
mon corps défendant, ce qui avait généralement pour effet d’exciter encore plus
mon agresseur. Je répugne à l’avouer, mais à la longue ces abus sexuels ont
commencé à me procurer un certain plaisir. Ils m’ont finalement valu mes
premières éjaculations.
Ayant
pour ainsi dire été dressé à jouir dans la contrainte et la douleur, j’ai
recherché à l’adolescence les mêmes sensations auprès des garçons de mon âge.
Je vous le dis tout de suite : je n’ai pas eu à chercher longtemps. J’ai
trouvé facilement mon plaisir auprès des intimidateurs et des tourmenteurs de
la polyvalente. Quelques-uns ont même essayer de me faire chanter : ou
bien j’assouvissais leurs bas instincts, somme toute naturels à cet âge, ou
bien, photos à l’appui, ils révélaient tout sur les réseaux sociaux. C’est avec
eux que j’ai eu les érections les plus fortes, que j’ai connu les orgasmes les
plus violents. Souvent même, j’en ai redemandé. J’ai dû m’enfuir seulement en
de rares occasions, soit parce que j’avais eu mon quota de coups pour la journée,
soit parce que soudainement je me suis mis à craindre pour ma santé ! La chose
est bien connue : les adolescents contrôlent moins bien leur violence
sexuelle que les adultes.
Finalement,
c’est un obscur brigadier scolaire, témoin du harcèlement de mes camarades dans
la cour de la polyvalente, qui m’a « dénoncé » à la Direction de la
Protection de la Jeunesse. Malheureusement, pour une fois, la DPJ a été prompte
à intervenir. J’ai eu beau supplier la travailleuse sociale de me laisser vivre
ma vie comme je l’entendais, rien n’y a fait. On m’a interné avec l’accord de
mes parents, tout heureux d’être enfin débarrassés de moi.
Cela
fait trois ans maintenant que je vis reclus dans ce centre d’intervention en
délinquance sexuelle, un CIDS comme disent les fonctionnaires. Depuis deux
mois, un psychologue vient me voir chaque semaine pour m’entretenir d’amour, de
tendresse et d’autres sentiments tout aussi abscons pour moi. Pendant qu’il
monologue, je baisse la tête et écoute attentivement le son de sa voix. Quand
elle se met à trembloter, je lève rapidement les yeux pour le surprendre en
train de mater mon cul tout en se touchant. Je me dis qu’encore trois ou quatre
semaines, peut-être même moins, et je connaîtrai à nouveau l’orgasme d’être
battu et violé.
En
attendant, je reste accroupi par terre contre le lit, en position de
soumission. J’écris le peu de choses que je peux vous dire sur le déchet humain
que je suis. Un déchet à la fois rejeté par la société et convoité par ses
membres les plus pervers.
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