Retour de voyage
Le
voyage au Portugal avait été très beau et très instructif, j’en conviens.
Cependant il avait été aussi très éreintant pour mon vieux corps de
septuagénaire : seize jours à grimper et descendre les collines de
Lisbonne, de Sintra et de Porto. Seize jours à ne pas comprendre la langue et à
ne pas manger à mes heures habituelles. M’enfin, je retrouvais ma maison, mon sweet
home, et j’allais pouvoir recharger mes batteries avant d’affronter une
autre rentrée scolaire à l’UTA.
La
première chose que j’ai remarqué en entrant dans la maison, a été l’odeur. Une
odeur forte, celle d’un fauve a suggéré mon imagination en se basant uniquement
sur mon signe astrologique (je suis un Lion né l’année du Tigre). Plutôt une
odeur de renfermé a diagnostiqué mon cerveau une fois l’analyse de mes
sensations olfactives complété. J’ai aussitôt regretté de ne pas avoir lavé les
planchers avant de partir et de ne pas avoir laissé la fenêtre de la salle de
bain entrouverte.
Puis,
je suis allé voir mes plantes dans le salon : toutes avaient manqué d’eau,
mais aucune n’était morte. Pfiou ! Je me suis félicité d’avoir acheté
uniquement des succulentes - cactus, euphorbes et crassules – pour me
tenir compagnie les soirs de téléromans. Mon fauteuil préféré, un Queen Ann
inclinable avec support lombaire et repose-pieds, m’attendait sagement face au
téléviseur dont le décodeur avait sans doute enregistré toutes mes émissions
favorites pendant mon absence.
C’est
en entrant dans la cuisine que j’ai réalisé que quelque chose n’allait pas,
qu’il s’était passé de quoi pendant mon voyage. Certes le comptoir était propre
et le réfrigérateur sentait bon – j’avais pris la précaution de jeter toutes
les denrées périssables avant mon départ -, mais une lumière clignotait sur la
cuisinière et des zéros avaient remplacé l’heure du jour sur l’afficheur du
four micro-ondes.
Pris
d’une soudaine inquiétude, je suis revenu au salon et ai allumé le couple
téléviseur-décodeur. Le vide total. Aucune de mes émissions préférées n’avait
été enregistrée! Il y avait eu une panne de courant majeure au début de mes
vacances et mon décodeur s’était « déprogrammé ». C’est ce que le
technicien Cogeco-intelligent que j’ai
consulté le lendemain, m’a expliqué avec le ton condescendant propre à
son métier.
Si je
n’avais pas été un homme, un vrai, je crois bien qu’à ce moment-là j’aurais
pleuré toute ma déception. Mais, contre mauvaise fortune j’ai plutôt fait bon
cœur et suis allé remplir d’eau l’arrosoir. Au retour, je me suis aperçu que le
crassule et le cactus de Noël ricanaient dans leur coin. Ça t’apprendra à nous
abandonner a semblé me dire le kalanchoé en humectant ses racines de l’eau
fraîche que je versais dans son pot.
Je ne
le ferai plus, je vous le promets, ai-je dit à mes gentilles chlorophylles en
m’assoyant dans mon fauteuil préféré. Non pas que je ne voyagerai plus – il me
reste tant de pays à visiter et tant d’argent dans mon FEER! Mais, je vous
promets que la prochaine fois que je vous quitte, mes fidèles lectrices des
Plumes vagabondes vont venir à tour de rôle veiller sur vous… et sur mon
précieux décodeur.
Cactus de Noël, Schlumbergera sp. (Am. du Sud) |
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